9. Elon Musk, «valeureux défenseur de la liberté d’expression».
L'infolettre ONGBS du 23 octobre 2024
Bienvenue dans l’infolettre satirique L’Observatoire national du gros bon sens, dans laquelle chaque semaine, le mercredi, je souligne la publication d’un ou de plusieurs textes s’étant démarqués par leur «gros bon sens». Cette semaine, le gros bon sens, c’est reconnaitre les grands guerriers de la liberté de notre temps.
Comme l’a déjà dit un grand homme (fictif), «j’aimerais qu’il y ait un moyen de savoir que tu es dans le bon vieux temps avant de le quitter réellement». En effet, qui n’a jamais réalisé qu’après coup à quel point du temps passé avec un certain groupe d’amis, maintenant perdu de vue, était un moment de la vie à chérir le temps qu’il durait? Ou encore, qui n’a jamais réalisé qu’après coup que l’Action démocratique du Québec (ADQ) de Mario Dumont était le parti politique qu’il nous fallait afin de rééquilibrer le budget tout en faisant s’émanciper les Québécois comme individus? Nous aurions tous dû écouter le soldat extra-terrestre frappé d’une charge débilisante, dans le film culte Dans une galaxie près de chez nous 2, qui nous chantait: «On vote Mario Dumont!».
Mais bon, dans le dossier qui nous intéresse aujourd’hui, nous n’allons pas nous faire avoir à prendre pour acquis le passage sur terre d’un grand homme de la liberté d’expression, qui est prêt à affronter vents et marrés afin de faire valoir ce droit à travers le monde.
Elon Reeve Musk.
L’état de la liberté
D’abord, il faut prendre acte du contexte dans le lequel nous nous trouvons. «Partout en Occident, les libertés sont en danger», de dire Mathieu Bock-Côté, lui-même victime d’une affligeante censure des deux côtés de l’Atlantique. En parlant de Mark Zuckerberg, qui a avoué, lors de quelques occasions, avoir censuré certains propos sur les plateformes de Meta (Facebook, Instagram), Bock-Côté affirme que
tout cela nous rappelle que les États cherchent moins aujourd’hui à réguler les réseaux sociaux qu’à les asservir à la propagande de ce qu’il faut bien appeler l’oligarchie occidentale, sur des sujets comme l’avenir de la démocratie, l’immigration, la définition de la désinformation ou du discours haineux, ou encore celle de l’extrême droite.
On comprend pourquoi cette oligarchie veut abattre Elon Musk et quelques autres: ils défendent une conception authentique de la liberté d’expression. On ne le leur pardonne pas.
Une conception authentique de la liberté d’expression, rien de moins.
C’est pour ce service rendu que Nathalie Elgrably pense qu’«Elon Musk mérite tout notre respect!». Ce dernier, en effet, refuse de se faire dire par des représentants d’États nationaux comme le Brésil (que ce soit des politiciens ou des juges), quel discours outrepasse ou non la liberté d’expression.
Certes, les informations prolifèrent sur les réseaux sociaux. Mais pourquoi des politiciens ou leurs fonctionnaires devraient-ils décider de ce qui est vrai ou faux? Ils ne détiennent pas le monopole de la sagesse, ils n’ont aucune expertise particulière pour distinguer le bien du mal et ils ont souvent leurs propres intérêts à protéger.
Et c’est bien connu, Elon, lui, n’en a pas d’intérêts à protéger. Il est complètement désintéressé politiquement et économiquement.
Dans le contexte actuel de censure rampante, Elon incarne l’essence même de la résistance face à l’oppression. Comment ne pas éprouver respect et admiration pour ce valeureux défenseur de la liberté d’expression?
Si seulement son exemple pouvait servir d’inspiration à ceux qui croient encore en la démocratie!
Des actions vertueuses
Mais une fois que tout cela est dit, de quelle façon ce véritable Liu Xiaobo des temps modernes applique-t-il ses idéaux de liberté d’expression? En voici trois exemples afin d’illustrer pourquoi des personnes de tout acabit, venant autant de la droite que de la droite, érigent désormais l’homme le plus riche au monde au titre d’outsider anti-élite.
Premièrement, Elon est très ouvert à toutes les opinions. Celui-ci a partagé, sur son jouet à 44 milliards de dollars X (anciennement Twitter), une conservation entre Darryl Cooper et Tucker Carlson, au balado de ce dernier, où le premier a dévoilé
une histoire alternative dans laquelle Hitler s’est efforcé d’éviter la guerre avec l’Europe occidentale, Churchill était un “psychopathe” soutenu par des intérêts sionistes, et des millions de personnes dans les camps de concentration “ont fini par mourir” parce que les nazis, débordés, n’avaient pas les ressources nécessaires pour s’occuper d’elles.
Elon Musk a qualifié la conversation de «très intéressante».
Mathieu Bock-Côté, une dizaine de jours plus tard, dénonçait le fait suivant:
un “expert” de l’UQAM l’a caractérisé de la plus atroce manière. Je cite l’expert pour qu’on ne m’accuse pas d’exagérer. Il présente ainsi Musk comme “un milliardaire néonazi, transphobe, misogyne et raciste”. On pourrait en rire tellement c’est idiot.
Laissez-moi reprendre mon souffle, je viens en effet d’en rire un bon coup.
Elon n’est bien évidemment pas ça. Il est seulement un milliardaire qui promeut des discours néonazis, qui associe les personnes transgenres à un «virus mental woke», qui partage des théories selon lesquelles seulement les «mâles alphas» devraient pouvoir voter, et qui incite au racisme sur la base de fausses informations sur l’origine d’un criminel.
Il y a quand même des limites à diaboliser un homme!
Deuxièmement, pour revenir sur un sujet déjà évoqué, Elon Musk refuse de se plier aux tendances de censure des États. Ainsi, pas question de se doter d’un représentant légal de X au Brésil selon la demande d’un juge local. «La liberté d'expression est le fondement de la démocratie et un pseudo-juge non élu au Brésil la détruit à des fins politiques», a-t-il répondu dans un message sur X. Mais là où la liberté d’expression est le fondement de la démocratie, elle est l’ennemie des régimes autoritaires. De ce fait, Elon n’hésite pas à bloquer un documentaire critique du régime de Narendra Modi en Inde, ainsi qu’à suspendre les profils d’une centaine d’opposants au régime sur X.
Finalement, le fait le plus récent, Elon Musk est prêt à rémunérer des citoyens états-uniens pour que ceux-ci puissent jouir en toute liberté de leur liberté d’expression et signer une pétition pro-Trump. «Une signature déjà rétribuée 100 dollars, plus 100 autres si on amène un nouveau signataire». Mais ce n’est pas tout. «Pour passer à la vitesse supérieure, Elon Musk a transformé sa pétition en loterie. Il s’est engagé à tirer un signataire au sort chaque jour et à lui verser un chèque d’un million de dollars». L’homme du peuple prévoit dépenser environ 17 millions de dollars dans cette initiative qui vise à pousser le plus de citoyens possible à jouir en toute liberté de leur liberté d’expression de voter pour Trump.
Un saint homme.
Avec toutes ces actions vertueuses, ça tombe sous le sens qu’Elon ait été mis en nomination (par l’extrême droite européenne) pour le prix Sakharov, prestigieuse récompense que remet chaque année le Parlement européen à des défenseurs des droits humains et de la liberté de pensée.
*À noter qu’étant donné que pour moi, écrire cette rubrique est un loisir et que j’ai d’autres obligations dans ma vie, je vais peut-être relâcher un peu l’assiduité de sortir un texte tous les mercredis dans les prochaines semaines. Je vais écrire et publier un texte les mercredis lorsque des éléments d’actualité ont piqué mon intérêt dans la ou les semaines précédentes, mais peut-être que je vais sauter des semaines moins inspirantes histoire de, vous savez, avoir une vie.
Merci de me lire, et à bientôt!