Ils sont nés tout croche et seront toujours tout croche.
L'infolettre ONGBS du 4 septembre 2024
Bienvenue dans la nouvelle infolettre satirique L’Observatoire national du gros bon sens, dans laquelle chaque semaine, le mercredi, je souligne la publication d’un ou de plusieurs textes s’étant démarqués par leur gros bon sens. Cette semaine, le gros bon sens, c’est aussi dire qu’il y a toujours bien des maudites limites à sauver des vies.
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« Dieu que la gauche peut être gnangnan! »
Un dossier chaud de ces derniers mois, s’il en est un, c’est bien entendu la cohabitation entre les centres d’hébergement pour personnes en situation d’itinérance, les centres d’injection supervisés, et les écoles du niveau primaire et secondaire. Plusieurs enjeux ont été rapportés par des citadins montréalais dans les derniers mois. Comme le rapportait le toujours très fringant chroniqueur Maxime Bergeron de La Presse, des cas de « vols, [de] consommation de crack, [de] nudité, [de] défécation en public,[et de] violence » ont amené le gouvernement du Québec à vouloir interdire les centres pour sans-abri près des écoles. « C’est comme si on venait d’atteindre un point de rupture dans le dossier de l’itinérance à Montréal », a rapporté M. Bergeron, en évoquant « les limites évidentes de la cohabitation dans différents quartiers de la ville ».
Mais les responsables de ce « fiasco » sont clairement identifiables: c’est bien sûr la gauche « gnangnan », pour reprendre l’expression consacrée de Richard Martineau. En effet, dans un texte sur un sujet connexe (la présence d’un « pédo » à côté d’une garderie), M. Martineau nous a fait une démonstration éloquente de ce que sont la gauche et la droite, au point de rendre obsolète l’ouvrage de référence Les Idéologies politiques : le clivage gauche-droite de Ian et Danic Parenteau, que tout étudiant en science politique se tape un jour ou l’autre.
Mais Richard, qu’est-ce que la gauche et la droite? « C’est simple: la gauche voit la nature humaine telle qu’elle voudrait qu’elle soit. Alors que la droite voit la nature humaine telle qu’elle est. » Mais où est-ce que les frères Parenteau ont trouvé du jus pour pondre 248 pages sur le sujet, quand c’est si « simple »? « La droite est prudente, parfois trop. La gauche est bienveillante et compatissante. Jusqu’à en devenir gnangnan ». Pour reprendre la formule du titre d’un livre écrit par un gnangnan légendaire dans un tout autre contexte, le gnangnanisme est le stade suprême du gauchisme. Dommage que les académiques ont trop souvent choisi d’ignorer le concept de « gnangnan », celui-ci ajoutant de la profondeur à l’analyse.
Genèse d’un projet radical
Après avoir succinctement mis sur papier notre cadre théorique aux fins de l’analyse, revenons maintenant à notre objet d’étude: les centres d’injection supervisés et les centres d’hébergement pour personnes en situation d’itinérance près des écoles.
Voici la genèse de cette folie selon M. Rousseau, éminent juriste et spécialiste de la chronique en 250 caractères: « À la base, l’idée de ces sites vient de penseurs et de militants progressistes qui ont souhaité permettre à des toxicomanes de s’injecter des drogues dans des endroits sécuritaires, plutôt que de le faire dans la rue. Puis, des études sont venues démontrer que ces sites peuvent ainsi sauver des vies. Des gouvernements ont été convaincus et ces sites se sont rapidement multipliés. »
Du fanatisme à l’état pur.
Mais face à ça, il a fallu trop de temps avant que le front conservateur de gros bon sens s’organise et conteste l’idée « radicale » de sauver des vies. Cela s’explique notamment par le fait que « trop peu d’universitaires ayant une sensibilité conservatrice existent », et que « trop peu d’élus conservateurs ont une vraie pensée politique cohérente ». Cette situation est malheureusement un effet secondaire du conservatisme, et par conséquent du gros bon sens, puisqu’il a été établi dans une publication antérieure de cette rubrique que pour conserver le gros bon sens chez un spécimen humain, il faut éviter qu’il aille à l’école plus loin que la mi-cégep. Difficile d’obtenir un poste de professeur d’université ou encore de développer une pensée politique cohérente dans ces conditions.
Sauver des vies, mais à quel prix?
Pour M. Bock-Côté, martyre de la liberté d’expression aux mille et une tribunes, « les grands discours inclusifs plaident […] pour l’intégration des centres d’aide à ces personnes au cœur de nos villes, sans égard pour le droit du citoyen ordinaire à sa quiétude et, plus encore, à son élémentaire sécurité ». De quel droit, en effet, vient-on perturber la quiétude et potentiellement la sécurité de citoyens «ordinaires», dans leurs quartiers de citoyens «ordinaires», en les encombrant d’itinérants venus dormir sous un toit et de toxicomanes venus consommer dans un contexte plus sécuritaire? Il y a des endroits pour les citoyens «ordinaires», et d’autres pour les autres.
M. Dumont, fondateur de la troisième voie, renchérit en disant que « c’est quand même extrême. L’État ne subventionne plus seulement les thérapies de désintoxication. L’État subventionne des organismes qui encadrent la consommation de drogue. Dans quelques cas, on ira même jusqu’à fournir la drogue au nom de la sécurité. » « Des seringues sur le trottoir devant l’école, des individus égarés ou agressifs dans l’environnement immédiat de la zone scolaire, il fallait manquer de bon jugement pour créer cette impossible cohabitation. » De bon jugement, ou comme on dit ces temps-ci, de gros bon sens.
Comme le soulignait avec justesse M. Dumont, en créant ainsi des lieux de sécurité pour consommer de la drogue pour les gens qui en sont dépendants, « l’État va loin pour sauver des vies ». Certains pourraient même dire trop loin. Puisque comme disait M. Martineau au sujet du « pédo » bénévole: « pour la droite, tu ne mets pas un gars comme ça en présence d’enfants. Ça tombe sous le sens. Le gars est né tout croche et va toujours être tout croche. » À ce moment, face à un tel déterminisme, à quoi bon tenter de préserver ou sauver des vies de gens qui sont nés tout croche et qui seront toujours tout croche quoi qu’on fasse? Poser la question, c’est y répondre.