[Hors-série] Suis-je trumpiste?
L'infolettre ONGBS du 2 octobre 2024
Bienvenue dans la nouvelle infolettre satirique L’Observatoire national du gros bon sens, dans laquelle chaque semaine, le mercredi, je souligne la publication d’un ou de plusieurs textes s’étant démarqués par leur «gros bon sens ».
Bonjour chers lecteurs et chères lectrices,
Ceci est officiellement mon 7e texte publié sous la rubrique de l’Observatoire national du gros bon sens (ONGBS). Cette rubrique a toujours eu comme fonction d’en être une satirique, c’est-à-dire que l’objectif était de critiquer les mœurs sociétales, politiques et médiatiques par l’humour, l’ironie, le sarcasme et parfois l’absurde. Des caricatures écrites, on pourrait dire.
En commençant cette rubrique, je voulais m’inscrire dans un style de journalisme (je ne fais pas à proprement parler journalisme) surtout présent en France, mais très peu pratiqué au Québec. Nous pouvons penser à des publications parisiennes comme le Canard enchainé ou encore Charlie Hebdo. Au Québec, certaines personnalités médiatiques font du travail qui peut se rapprocher de ce style, notamment Olivier Niquet à Radio-Canada et Jean-Simon Gagné dans les Coops de l’information.
Mais voilà, après 6 textes publiés, j’ai eu de la rétroaction de mes très nombreux (13) lecteurs, et je me suis rendu compte qu’en voulant être (trop) subtil, je semais la confusion sur mes prises de position, parfois même jusqu’au point que des gens comprenaient complètement l’inverse de ce que je tentais de faire passer comme message.
Ce n’est pas de la faute du lecteur, mais bien de la mienne.
Le sarcasme et l’ironie sont des outils narratifs très dépendants des indices non verbaux (par exemple, les inflexions de la voix, les regards ou la gestuelle). Ces éléments n’étant pas présents à l’écrit, mes textes ont pu paraitre sincèrement défendre ce que je voulais, au contraire, dénoncer ou caricaturer.
Comme quoi j’ai encore du travail à faire pour devenir un maître de la satire!
Mises au point
Dans ce texte hors-série de l’Observatoire national du gros bon sens, je vais rectifier certaines prises de position qui ont pu porter à confusion dans les dernières semaines.
La sandwich au jambon
Dans mon plus récent texte On a besoin d'un père, pas d'une mère, j’ai tenté de démontrer que les opposants au programme d’alimentation scolaire avaient un argumentaire essentiellement basé sur la morale (ce qui est bien et mal), et lorsqu’ils s’aventuraient dans le côté pratique de la chose, leur argumentaire tombait souvent à plat (oui, bon, je suis un gauchissssss).
J’ai voulu jouer, dans un premier temps, sur l’usage du terme « maternel » ou « nounou » comme étant péjoratifs lorsqu’associé à l’État, contrairement à la formule consacrée (et que je haïs passionnément) du « bon père de famille ». Je trouvais bien intéressant cet aspect rhétorique qui valorise ce qui relève traditionnellement de la masculinité lorsqu’il est question du gouvernement (la gestion financière, la défense, la police, etc.), mais qui dévalorise ce qui relève de la féminité (dans ce cas-ci l’alimentation des enfants, mais plus largement les domaines traditionnellement féminins, comme les infirmières et les professeurs).
C’est peut-être parce que la politique a été faite par et pour les hommes depuis longtemps, et que c’est seulement dans les dernières décennies que les femmes y ont pris leur place avec les enjeux qui les concernent davantage. Qui sait?
Pour ce qui est de l’argent que cela représente à opérer, tout n’est qu’une question de choix politique. Tant d’argent est perdu par le fisc chaque année à cause de l’évasion fiscale (sans que le gouvernement en fasse une réelle priorité), et le gouvernement caquiste aurait pu payer ce programme en ne faisant absolument rien s’il n’avait pas récemment baissé les impôts pour tout le monde, même les plus riches.
On peut être pour ou contre payer ce programme avec les fonds publics ou encore pour ou contre baisser les impôts, mais tout ça est une question de choix politique, et non le fait que nous sommes incapables de nous le payer (comme certains l’ont laissé entendre).
Ah oui, avant que j’oublie: l’argument que le menu va faire scandale parce que les végétariens ne peuvent pas manger de la viande et les musulmans du porc, c’est tout simplement du vent. Depuis quand il y a seulement un choix de repas dans l’offre alimentaire scolaire? Et même si c’était le cas, je pense que c’est un défi auquel on est capable de faire face comme société.
Non, je ne suis pas trumpiste.
Dans mon avant-dernier texte Méfiez-vous de camarade Harris, je voulais surtout rire des doubles standards des commentateurs très à droite lorsqu’il est question de Kamala Harris vs Donald Trump. Le gars dit mot pour mot qu’il va être un dictateur au premier jour de sa campagne, il est reconnu coupable d’agression sexuelle au civil, il est reconnu coupable au criminel pour fraudes, et il a motivé ses partisans à tenter un coup d'État au Capitole lorsqu’il a perdu les élections de 2020. Mais attention à Kamala Harris! Elle a… un rire malaisant.
Ce qui est absurde également, c’est de penser que Kamala Harris et le parti démocrate sont communistes. Les États-Unis sont l’un des pays occidentaux les plus libéraux économiquement au monde, avec les taux d’inégalité également les plus élevés en occident. Mais dès qu’un parti veut prendre une posture économique moindrement pour une certaine redistribution des richesses, il est taxé d’être communiste.
Le fait est qu’autant le Parti démocrate que le Parti républicain ont des idéologies politiques de droite (selon les standards canadiens et québécois), les électeurs n’ayant pas de réelle alternative de gauche.
Finalement, j’ai voulu montrer que Nathalie Elgrably ne faisait que régurgiter la rhétorique de Donald Trump et de ses sbires (rire du rire de Kamala, la traiter de communiste, dire que c’est une coquille vide, etc.), tout en accusant les gens qui ne pensent pas comme cela de manquer d’esprit critique et de lucidité.
Il faut le faire.
La cadre, c’est bon (des fois).
Dans mon texte De l'éducation sans idéologie, je tentais de critiquer, par le sarcasme, la nostalgie d’un système de l’éducation où tout allait présumément beaucoup mieux quand les étudiants portaient des uniformes et vouvoyaient leurs enseignants. J’ai également tenté de soulever l’ironie du fait que les partisans du port de l’uniforme et du vouvoiement se dressent contre les approches idéologiques de l’éducation, tandis qu’ils s’inscrivent explicitement dans une mouvance idéologique conservatrice.
Je critiquais aussi la contradiction apparente entre le désir d’encadrer et de restreindre les jeunes, et celui de les faire s’épanouir. Afin d’illustrer cette vision, j’ai utilisé des phrases de doublepensée, « un terme inventé par George Orwell comme le novlangue, dans son roman dystopique 1984, indiquant une capacité à accepter simultanément deux points de vue opposés et ainsi mettre en veilleuse tout esprit critique ».
Ceci dit, je suis moi-même quelqu’un qui aime bien un certain niveau d’encadrement, et je pense qu’un cadre est nécessaire à l’épanouissement (du moins, dans mon cas). Ceci illustre bien que l’approche satirique que j’essaie d’avoir face aux enjeux est souvent, mais pas toujours, l’opinion que j’ai face à cet enjeu. Après tout, un caricaturiste caricature tout le monde, même les gens avec qui il est d’accord!
Suite des choses
En conclusion, je tenterai dès la semaine prochaine de produire des textes plus explicites au niveau de l’idée que j’essaie de partager. Je remercie tous les gens qui me lisent et qui me partagent des commentaires constructifs.
Cette rubrique est d’abord et avant tout un exercice de style à travers lequel j’essaie de partager une analyse originale du discours public, tout a aiguisant ma plume. J’espère être en mesure d’améliorer mes aptitudes de rédaction de textes satiriques dans les prochaines semaines, et ainsi vous divertir et vous faire réfléchir de manière plus adroite.
À bientôt,
Monsieur Plam